Titre original :
The Spirit of '43
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 7 janvier 1943
Genre :
Animation 2D
Réalisation :
Jack King
Commanditaire :
American Treasury Departement
Durée :
7 minutes
Disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Donald Duck apprend à l'Américain moyen comment faire des économies pour payer ses impôts...

La critique

rédigée par
Publiée le 15 mai 2024

The Spirit of '43 est une nouvelle commande du Département Américain du Trésor distribuée par le War Activities Commitee de l'industrie cinématographique américaine et faisant suite à The New Spirit.

Le Département Américain du Trésor voulait, en effet, un nouveau court-métrage pour continuer de convaincre les citoyens de payer leurs impôts, notamment en économisant. Sauf qu'il était hors de question d'avoir les mêmes problèmes de budget que ceux ayant amené une mini crise politique lors du paiement de The New Spirit aux studios Disney. Le gouvernement de Franklin Delano Roosevelt a depuis appris la leçon et attend cette fois-ci d'avoir fait voter les 20 000 dollars de budget avant de lancer le développement du nouveau cartoon de propagande. Avec un financement réel divisé par quatre par rapport au premier opus, les artistes Disney n'ont cependant pas la possibilité de réaliser un court-métrage totalement inédit. Il est alors décidé de recycler la deuxième moitié de The New Spirit et de réduire la qualité de l'animation inédite de la première ; ceci malgré la présence de grands noms de l'animation comme le talentueux Ward Kimball ou encore le réalisateur Jack King. En revanche, comme dans le précédent opus, le personnage de Donald Duck va continuer à porter la bonne parole.

Le court-métrage débute alors qu'un sifflet à vapeur sur le toit d'une usine annonce que c'est le jour de la paie ; la fumée formant des dollars avant de disparaître. Donald est ici un ouvrier moyen, sortant du travail en comptant les billets de son salaire. Et dans chacun des travailleurs américains dont Donald est ici le représentant cohabite en réalité deux personnalités ! La première est Thrifty, l'économe, un Écossais frugal qui implore le canard d'économiser son argent. Mais un trop plein de billets a tendance à brûler spontanément dans les poches, ce qui fait apparaître Spendthrift, le dépensier. Ce dernier est un beau parleur à la voix grave, avec un costume à la mode, tentant de convaincre Donald de passer du bon temps dans tous les lieux de divertissement, voire à en profiter pour sortir en bonne compagnie. L'un est ainsi censé représenter le « parfait » Américain, bon contribuable et bon patriote, tandis que l'autre se fourvoie dans les bars et la luxure. Il est d'ailleurs amusant de noter que le bar où se dirige Donald est le « Idle Hour Club » qui possède le même nom que l'association que le canard formait avec son copain Peter Pig dans le cartoon de 1934 des Silly Symphonies, Une Petite Poule Avisée, qui marqua alors la première apparition du personnage du canard.

Thrifty rattrape alors Donald en lui rappelant qu'il est important de mettre de l'argent de côté pour ses impôts. Le narrateur rappelle que grâce à Hitler et Hirohito, les taxes ont particulièrement augmenté ces dernier temps, et sont à payer en quatre traites les 15 mars, 15 juin, 15 septembre et 15 décembre de l'année civile. Il faut donc avoir assez d'économies de côté pour pouvoir accomplir son devoir civique. Mais Spendthrift propose à Donald de voir ça plus tard car il a tout le temps pour payer les taxes ; l'argent servant surtout à être dépensé. Thrifty arrête une nouvelle fois le canard lui parlant alors des hommes sur le front qui attendent son argent pour les aider. Après tout, même s'il est resté au pays, c'est également sa guerre et il se doit d'épargner pour la victoire. Les deux personnalités se disputent alors, tiraillant le pauvre Donald, et finissent, à force de tirer sur le canard, par s'envoler dans deux directions opposées.

La référence à l'Axe se fait alors de plus en plus pressante, au point de voir les portes du débit de boissons former un svastika, le fameux symbole nazi de la croix gammée, et Spendthrift se grimer en Hitler avec sa mèche et sa petite moustache. De l'autre côté, Thrifty a cassé le plâtre d'un mur, laissant apparaître des briques qui rappellent les couleurs du drapeau des États-Unis, tandis que les étoiles qu'ils se forment au dessus de sa tête suite au choc sont les symboles des différents États américains sur ce même drapeau. Le narrateur fait alors la morale : chaque dollar dépensé pour quelque chose de superflu est un dollar qui aide au final l'Axe. Donald prend alors sa décision et le montre en frappant alors Spendthrift. Il l'envoie balader sur le battant du bar qui se casse dans sa chute en formant le V de la victoire, sous-titré par des petits morceaux de bois qui représentent le V en morse.

The Spirit of '43 reprend ensuite les trois dernières minutes de The New Spirit. Le passage explique à quoi est destinée la collecte de l'impôt. Le but est de faire tourner à plein les usines du pays pour construire des armes. Les images et la musique deviennent alors plus dramatiques tout en exacerbant l'aspect patriotique comme, par exemple, l'utilisation d'objets plus ou moins anthropomorphes aux couleurs du drapeau américain. De nombreuses scènes montrent ainsi des fusils, des canons, des avions, des bateaux et des chars détruire les navires japonais, les bombardiers ou les sous-marins nazis. La dernière scène arrive et impressionne tant elle est incroyablement exécutée et superbement mise en image. Avec des chœurs interprétant la chanson Let Freedom Ring et le narrateur récitant un extrait du discours des quatre libertés prononcé le 6 janvier 1941 par le président des États-Unis d'Amérique, Franklin Delano Roosevelt, une procession de chars, de canons et d'avions défilent sous un ciel crépusculaire aux couleurs du drapeau américain.

Autre détail intéressant, The Spirit of '43 est l'un des derniers cartoons auquel participe le scénariste Carl Barks avant de quitter les studios Disney. L'artiste commence sa carrière chez Disney en 1935 comme intervalliste. Il travaille ensuite sur différents cartoons en qualité de scénariste, notamment sur Les Neveux de Donald (1938), Le Cousin de Donald (1939), L'Entreprenant Mr Duck (1940) ou le succulent Donald se Camoufle (1942). Le 6 novembre 1942, Carl Barks démissionne et quitte Disney, s'étant lassé de l'écriture des scénarios pour les cartoons de propagande tout en ayant des problèmes de santé à cause de la climatisation des studios. Avant de partir, il réalise tout de même deux œuvres qui vont influencer le reste de sa carrière. Tout d'abord, il dessine le tout premier comic book de Donald Duck, Donald et le Trésor du Pirate. Ensuite, son travail pour le scénario de The Spirit of '43 est tout aussi impactant. Le personnage de Thrifty, le « parfait » Américain, a en réalité des allures d'un « parfait » Écossais, étant en quelque sorte un Donald en kilt, portant un béret et des favoris. Il ressemble à s'y méprendre à une version jeune du futur personnage de Balthazar Picsou. Thrifty a manifestement dû servir d'inspiration à l'auteur lorsqu'il crée l'oncle de Donald près de cinq ans plus tard.

Impossible à envisager sereinement sans le replacer dans son contexte, The Spirit of '43 est un cartoon qui, au-delà de son caractère de propagande, est politiquement incorrect. Présentant deux nouveaux personnages le rendant étrangement divertissant, il constitue une curiosité non seulement dans la carrière de Donald, mais aussi dans le catalogue Disney tout entier. Et qui sait ? Sans lui, le personnage de Picsou n'aurait peut-être jamais existé !

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